Agora : discours d’accueil d’Yvette Lecomte, Présidente de la Ficeméa

Centre Marcel Hicter, 10 décembre 2017

Mesdames, Messieurs les représentants des Ceméa,

Mais, avant tout, Cher.e.s ami.e.s,

Trois ans après notre assemblée générale de refondation, nous pouvons nous réjouir d’être à nouveau rassemblés.

Nous voici réunis pour célébrer l’importance de nos valeurs communes, des valeurs pédagogiques de l’éducation nouvelle, inscrites dans une histoire de libération des êtres humains.

Nous voici réunis pour échanger sur les moyens que nous créons pour concrétiser ces valeurs dans des faits et des actions,

Nous voici réunis pour une semaine de mise en commun, de débats, de comparaisons, de contradictions positives et surtout d’apprentissages réciproques.

Aujourd’hui, la Fédération Internationale des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation active a bien pignon sur rue et sa reconnaissance internationale est effective. L’action relative à la lutte contre la marchandisation de l’éducation, qu’elle a menée en suite des décisions de l’assemblée générale de novembre 2014 et des travaux des commissions régionales a permis de mobiliser et de produire des ressources d’analyse, des programmes d’action et de mobilisation d’institutions qui doivent agir contre le phénomène dont nous voyons chaque jour et les méfaits et l’expansion.

Cette reconnaissance a engagé des organisations internationales comme l’UNESCO, l’OIF, Wallonie-Bruxelles International à soutenir financièrement la mise sur pied de ce séminaire. Et, in fine, nous avons également reçu le soutien de la Commission Européenne pour un programme d’action d’une durée de trois ans. Que ces organismes soient remerciés pour leur soutien.

Nous nous rassemblons tou.te.s en sachant que notre Conseil d’Administration s’est régulièrement assemblé pour suivre le travail et donner des orientations, lors de réunions dématérialisées et lors de réunion physique comme celle que nous avons tenue en juin dernier.

Les Commissions Régionales ont organisé des rencontres, produit des documents de base pour leur travail commun, pour leurs échanges régionaux. Elles ont de ce fait nourri la Fédération. Cette base, bien entretenue, est prometteuse.

Trois ans durant le Comité Exécutif n’a pas ménagé sa peine ni l’investissements des organismes qui y sont représentés pour faire advenir actions, orientations et financement de notre action.

Je veux vous dire que si nous nous rassemblons, c’est aussi grâce à l’important travail fourni par notre Déléguée permanente, Sonia Chebbi avec qui vous avez maints contacts, qui vous donne des réponses ou qui participe à vos travaux ; elle qui porte bien non seulement notre image mais surtout une action qu’elle contribue à forger, notre action. Je suis sûre d’être votre interprète pour la remercier de son implication et de son action.

Notre mission vise l’éducation populaire ; elle se base sur la confiance dans les capacités et les possibilités de chaque individu et sur la confiance dans l’accroissement de la force sociale du groupe, d’une collectivité, des individus conscients de la solidarité essentielle à leur condition humaine, une solidarité essentielle au développement plus harmonieux de celle-ci.

Cette confiance dans l’humain et dans sa créativité, dans le monde que les femmes et les hommes peuvent faire naître et qu’ils veulent transformer est difficile à atteindre dans un environnement qui réifie l’humain lui-même ; dans un monde qui nie l’humain comme sujet et acteur de sa pensée, de ses désirs, qui voudrait le réduire à une marionnette dument manipulée.

Qui a dit que la mission éducative conçue dans cette philosophie est une mission facile ?

Mais qui dira que nous ne pouvons relever le gant et travailler ensemble à ce progrès de notre humanité ?

Durant cette semaine, nous allons être pressés. Mais prenons le temps.

Nous allons être ensemble mais prenons le temps de nous retrouver nous-mêmes pour définir et préciser ce que nous cherchons à réaliser, pour que chacun d’entre nous soit plus fort des échanges que nous aurons poursuivis, pour que nous tous puissions en faire bénéficier les populations que vise l’action de nos organisations.

Sachons nous faire confiance pour entendre des arguments, des contre-arguments, pour s’expliquer et se réexpliquer, pour construire notre mouvement international et aussi, pour nous émerveiller de la créativité des un.e.s et des autres et l’utiliser au profit de nos projets communs.

Nous allons constater des évolutions sociales, politiques, économiques qui ne seyent pas à l’évolution des êtres humains.  Sachons trouver ensemble des réponses pour modifier un cours des choses qui n’a rien de naturel.

Soyons solidaires, avec cette solidarité qui se base sur l’égalité entre les êtres humains et sur les propositions qu’ils portent pour améliorer notre monde.

Cher.e.s ami.e.s, nous allons passer une semaine à constater les intérêts multiples de notre regroupement international, une semaine à chercher et à trouver – j’en suis sure – des améliorations à nos fonctionnements ; nous allons prendre le temps de créer le possible de notre avenir tout à la fois et commun et différencié.

Gardons-nous de croire en une superstructure agissante, voyons plutôt comment mettre en commun nos forces, nos pratiques et nos résultats.

Oui, nous devons créer une part de la force humaine qui œuvrera pour le progrès des femmes et des hommes qui nous entourent.

Nous venons des quatre coins du monde et nous nous rencontrons au-delà des différences et, plus encore, grâce aux différences.

Nous allons, j’en suis sûre connaître une semaine de rencontres, de débats, de renforcement des liens culturels, de ressourcement, de bien être partagé.

Goûtons bien ces moments que nous allons vivre ensemble. Certes, le risque est grand que nous soyons frustrés à la fin de la semaine …  Mais ce sera une frustration positive qui augmentera, je le crois, notre désir d’action commune.

Nous allons renforcer les fondations de nos espoirs, découvrir et mobiliser des moyens d’action ; nous allons construire ensemble et conforter les axes principaux de notre action internationale.

Nous allons les défendre, nous devons les défendre au mieux.

Certes nous mènerons ce projet sur base du plan de travail copieux que nous a préparé Sonia  Chebbi et qu’elle va vous présenter. Il portera sur les parcours de mobilité des jeunes, la communication égalitaire, les concepts que nous utilisons et la définition de nos valeurs, les enjeux du numérique.

Nous le ferons sur base de la présentation de nos pratiques, dans des discussions dans nos lieux et moments d’échanges, dans la mise en commun et le partage de ressources.  Nous le ferons aussi dans les moments informels au bar, dans le bois, dans la neige, lors des repas !

Le 17 décembre, nous participerons à une assemblée générale de la FICEMEA, haut moment démocratique dans la vie d’une association. Nous y ferons le point sur les travaux réalisés et donc, sur le chemin parcouru depuis trois ans. Et nous y déterminerons aussi les conditions de notre développement futur.

Cher.e.s ami.e.s,

Je veux en votre nom remercier le Comité Exécutif qui, dans l’incertitude financière dans laquelle nous étions, a pris le risque financier de l’organisation de cette Agora avec le support des associations membres qui le composent.

Je salue à distance tous les membres qui n’ont pu venir et m’insurger contre les difficultés créées par les dispositifs de contrôle des  déplacements sans cesse renforcés par nos dirigeants politiques.

Néanmoins je veux aussi souligner combien est grand notre désir de rencontre, notre volonté de se tenir solidaires pour combattre l’individualisme forcené qui est dicté par la recherche du profit financier dans tant de nos sociétés.

Merci à Claude Brusini qui nous accompagne durant toute l’année, qui a préparé cette agora avec Sonia Chebbi et qui va nous encadrer durant toute cette semaine.

Merci aux importants « aidants » sur place : les CEMEA belges et en particulier notre trésorier, Geoffroy Carly, Simon Sterkendries et Rym Chettouane qui ont préparé cette Agora, qui sont à nos côtés durant toute cette semaine. Tout comme Karini Lefort qui a une expérience de travail dans le cadre du plaidoyer contre la marchandisation de l’éducation et qui rejoint la FICEMEA pour quelques mois.

Je nous souhaite, je vous souhaite un enrichissement humain formidable, à vous tous qui êtes ici pour apporter, construire et enrichir votre association et vous-même.

Je forme le vœu que la convivialité de nos rencontres et l’implication positive que vous avez vis-à-vis de cette FICEMEA qui vous tient à cœur, nous permettent de produire un bel avenir pour la FICEMEA et pour le développement de l’éducation nouvelle.

Par Yvette Lecomte, Présidente

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Publié dans Actualité, Evénements, FICEMEA